De toute ma scolarité, je ne me rappelle pas avoir participé à un quelconque travail en groupe. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir passé de nombreuses années sur les bancs de l’école et dans les amphithéâtres.

Toutefois je garde le souvenir du récit des quelques expériences de mes enfants en la matière. A les entendre, le projet débutait généralement dans l’enthousiasme, d’autant qu’on pouvait généralement choisir ses comparses, pour s’enliser ensuite dans des discussions interminables. Finalement, la date de remise approchant, l’un des protagonistes prenait seul le projet à bras le corps, à la grande satisfaction des deux ou trois autres.

Le choc fut donc d’autant plus rude lors de mon arrivée en Suède. Pas une formation, pas un exercice sans que l’animateur n’ait recours au traditionnel travail collectif. Là, deux cas de figure se présentent.

Votre groupe est constitué moitié de Suédois, moitié d’étrangers : l’affaire se conclut généralement à la française. Après quelques atermoiements dont l’intensité varie en fonction du nombre de Suédois dans le groupe, l’un des participants (vous par exemple) décide de prendre le leadership et finalise l’exercice en deux temps trois mesures, à la satisfaction des autres participants.

En revanche, si vous êtes l’unique non-Suédois du groupe, l’affaire se corse. Chaque point doit être traité dans l’ordre (pas question d’espérer des raccourcis) et doit nécessairement faire l’objet d’un large consensus avant d’envisager d’attaquer le point suivant. Autrement dit, on avance au rythme du plus lent ou du plus tâtillon.

Le travail en groupe est révélateur de la façon très différente dont les Suédois et les Français appréhendent l’exécution d’une tâche ou d’un plan au sein d’une organisation. L’approche française, qui repose sur une production individuelle, permet d’agir rapidement mais pêche par son manque de solidité et un consensus inexistant. Basée sur un travail collectif, la méthode suédoise est lente mais repose sur des bases solides.